Incontestablement l'un des films les plus beaux plastiquement que j'ai vus cette année.
Fan de Shame depuis que je l'ai vu au cinéma, je ne sais pas pourquoi j'ai autant attendu pour découvrir ce chef d'oeuvre de réalisation. McQueen rend la merde et la pisse belles. C'est extraordinaire.
Le rythme cependant est un peu moins bien géré que dans Shame. On sent que McQueen, sur ce premier film, a un peu du mal à sortir de ses arts plastiques et de sa photographie pour vraiment faire un film. Paradoxalement, c'est sa scène la plus longue et la plus fixe (le tour de force du plan séquence de 14 minutes suivi des deux autres plans séquences de 4 minutes) qui est la mieux rythmée grâce aux dialogues et aux jeux des deux hommes.
Ainsi, s'il a du mal à se trouver une véritable identité de cinéaste dans sa première partie et qu'il a du mal à vraiment être un réalisateur plus qu'un photographe, une fois cette scène de 22 minutes passée, on retrouve ce qui a fait sa force dans la suite de sa carrière, notamment dans Shame. Sa poésie macabre. Son talent pour réussir à magnifier ce que l'on considère comme immonde ou dérangeant. Cette scène passée, les tableaux - impossible d'appeler les plans de la première partie autrement - laissent place à une caméra qui s'amuse et à un montage qui fait sens. La peinture laisse place au cinéma.
Mais, même si ce film est très difficile à voir pour la douleur de ces hommes, de cette histoire, et de son acteur principal, il l'est aussi pour ce qu'il représente pour son réalisateur et sa vedette. Fassbender ne fait plus rien depuis 2015 et on a l'impression que ce n'est pas parti pour s'arranger. McQueen, son 12 years a slave et son Widows sont au mieux anecdotiques à comparaison avec Hunger et Shame. S'il vous plait, tous les deux, surtout toi McQueen, revenez-nous, vous avez tant à offrir au cinéma.

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J'AIME FINALLY

Holding out for a hero ?